20090208

Le caca rôse





Qui, passant par l'allée Charles de Fitte à Toulouse, n'a pas remarqué cette sculpture géante de Franz West, Agoraphobia, sur le parvis du musée d'art contemporain des abattoirs ?
Sculpture monumental de 8m de haut sur 4,5m de côté en aluminium peint, elle forme un ruban de möbius tordu, difforme, organique d'où poussent des excroissances. Constitué d'assemblage de plaques comme collées anarchiquement, elle dégage un aspect lisse de plastique brillant renforcé par la couleur rose uniforme.
Cette sculpture est placée dans l'espace publique, celui de la cité. On peut s'y asseoir, s'y suspendre, ce n'est pas qu'une sculpture c'est également un mobilier urbain qui possède un rôle sociale (au même titre qu'un banc par exemple). Franz West poursuit un travail alliant sculpture, mobilier et objet utilitaire.



En donnant le titre d'Agoraphobia, l'artiste donne un sens fort à son travail.
L'agoraphobie, trouble cognitif, est une peur de l'espace publique, non familier, où le malade craint de ne pouvoir être secouru en cas de crise panique.
C'est une sorte de "peur d'avoir peur". Sous cet éclairage on peut voir Agoraphobia comme une excroissance mentale, une matérialisation d'un état psychique. En se voulant immense elle exorcise sa propre peur pour s'intégrer dans l'espace social.

Une seconde interprétation court les rues :
On y voit facilement une sculpture monumentale issu des toilettes (papier toilettes ?) dans une sublimation de la défécation, certaines personnes y voient également une évocation phallique, une forme sexuel mental, peut être pour exorciser un désir, un refoulement...
On peut même se demander si le rose n'est pas une blague vis à vis de la ville Rôse, une critique acidulé du folklore toulousain …


Le fait est que son œuvre est incomprise voir rejetée par le simple passant-par-là-par-hasard, prisonnière de son statut institutionnel, personne n'ose vraiment "l'utiliser", problématique pour une œuvre qui se pense exposée en lieu public dans une relation avec l'environnement social.
Mais l'art doit ouvrir des questions et c'est bien ce qui ce passe :
"c'est quoi cette merde rôse ?"
peut être le peu de profondeur philosophique restant à déplorer … quoi que.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello cher parisien, mon Rémi de 3 ans et demi m'a dit un jour "T'as vu Maman, la sculpture rose, elle a des oreilles. On dirait qu'il y a un hippopotame dedans." Depuis, j'avoue ne pas y porter le même regard… Parenthèse pour te faire une bise et compte sur moi pour traquer les fautes d'orthographe à l'occasion…
Bilitis